Essais

Captifs et corsaires

L’identité française et l’esclavage en Méditerranée

Gillian Weiss

Traduit de l’anglais par Anne-Sylvie Homassel

Gillian Weiss relate l’histoire des affrontements entre la France et les Barbaresques durant trois siècles et celle de milliers d’esclaves français en Afrique du Nord. Elle démontre comment ces captifs, au statut incertain et toujours susceptibles de renier leur foi ou leur allégeance politique, contraignirent l’État à reconfigurer les caractères de l’identité française et à étendre son emprise sur ses régions périphériques.
Une histoire de l’idéologie de l’émancipation par la conquête.

Captifs et corsaires n’est pas seulement un livre qui relate l’histoire des affrontements entre la France et les Barbaresques de 1550 à 1830, date de la conquête d’Alger par la France ; c’est un tour de force.

En réglant sa focale sur les milliers de captifs français réduits en servitude dans les cités corsaires d’Afrique du Nord (au Maroc, Alger, Tunis et Tripoli) durant ces trois siècles, ce sont, en retour, de vastes pans de l’histoire de France que Gillian Weiss éclaire d’un jour nouveau.

Car elle démontre comment ces captifs, au statut incertain et toujours susceptibles de renier leur foi ou leur allégeance politique, contraignirent l’État à reconfigurer les caractères de l’identité française et à étendre son emprise sur ses régions périphériques.

Et par l’attention qu’elle porte à l’évolution de l’esclavage – d’abord considéré comme un accident de la vie, il sera peu à peu racialisé –, elle dévoile la façon dont la tortueuse lutte pour son abolition, ici en l’espèce « l’esclavage des Blancs », a pu conduire à une légitimation de la colonisation.

Un ouvrage stimulant qui, en faisant une histoire de l’idéologie de l’émancipation par la conquête, résonne de multiples échos.

Proposé par Patrick Boucheron, le magazine qui aborde l’histoire par le prisme des objets. Dans ce numéro : Baba Merzoug en algérien – ou La Consulaire en français –, un canon qui protégeait la rade d’Alger depuis le XVIe siècle, et qui fut rapporté en France comme trophée de guerre en 1830. Avec Gillian Weiss