
- Paru en juillet 2003
- 288 pages
- 12,5x20 cm
- ISBN : 9782914777070
- Prix : 18 €
Traduit du grec par Paolo Odorico.
Notes de Joël Schnapp ; postface d’Yves Hersant.
Au tout début du XVIe siècle, Nicandre de Corcyre, copiste grec de Venise, se fait admettre dans la suite d’un diplomate envoyé vers Istanbul par Charles Quint. Au retour de l’ambassade, il décide de prolonger son voyage dans les pays occidentaux. Parti d’Italie avec les négociateurs, il remonte jusqu’en Allemagne, rejoint Charles Quint, puis continue seul vers l’Angleterre, où il rencontre une compagnie de mercenaires grecs. Il les accompagne dans leurs guerres en France, puis retourne à Venise.
Ce parcours, est, chez ce natif de Corfou féru d’une littérature classique encore vivante pour lui, prétexte à un long récit de voyage au cours duquel cet oriental découvre avec étonnement notre occident au début de sa Renaissance. Les habitants, leurs mœurs - parfois encore jugées barbares -, leurs religions en pleine ébullition, leurs industries (la fabrication de la bière notamment), tout est passé au crible, dans une langue qui trouve ses références dans Hérodote et chez Jules César. Il en résulte une image en décalage, le sentiment étrange de la vision d’une autre réalité que celle à laquelle nous étions habitués. Les peuples rencontrés gardent leur nom de tribus antiques, les fleuves familiers sont dotés de cours extravagants et finalement, les contrées de l’Europe occidentales acquièrent cette dimension un peu merveilleuse que l’on prête d’ordinaire aux régions excentriques.
Le voyage de Nicandre devient alors un itinéraire inversé. Le fameux « voyage d’Orient », opéré par ceux qui se piquaient de quelque culture, se renverse. Montaigne et son Voyage en Italie - initiateur de nombreux autres - n’est pas loin, et surtout, cet homme, venu du lieu précisément d’où est sortie notre Renaissance, nous rappelle, avec une certaine candeur, combien notre Occident a su être, à ce moment là comme à d’autres, oublieux de sa propre réalité pour mieux rêver celle des autres. Nous voilà face à de véritable Lettres Persanes, deux siècles avant leur composition. De quoi nous rappeler, aujourd’hui plus que jamais, que l’Europe ne peut être l’objet de fantasmes de quelques uns.
Ce texte précieux, document unique en son genre, n’avait jamais été traduit en français. Non seulement on y explore notre Occident, mais encore, par des détours en Méditerranée, on y croise des figures étonnantes, comme celle du fameux corsaire d’origine grecque mais converti à l’Islam, le roi d’Alger, Barberousse, en même temps que l’on visite le célèbre château de la « Fontaine aux belles eaux », c’est-à-dire Fontainebleau. Ce livre a été conçu comme un voyage aussi bien dans le temps que dans l’espace, et comme une interrogation sur l’humanisme classique vu de l’autre bord au moment même de sa naissance.
D’un Orient l’autre
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Les Faux-Monnayeurs d’Istanbul
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Le Captif de Malte
Ma‘cûncızâde Mustafa Efendi -
La Croisade sur le Danube
Jehan de Wavrin -
Dans l’Empire mongol
Jean de Plancarpin -
Les Dix Jours de Yangzhou
Wang Xiuchu -
Les Vêpres siciliennes
Anonyme -
Mémoires d’un janissaire
Constantin Mihailovic -
Ma géniale imposture
João Bermudes -
Le Voyage d’Orient
Bertrandon de la Broquère -
Les Almogavres
Ramon Muntaner -
Les Derniers Conquistadores
Gabriel Quiroga de San Antonio -
Au jardin d’Eden
Jean de Marignolli -
Captif des Tatars
Johannes Schiltberger -
Des Turcs
Georges de Hongrie